...et détournement de l'information. (ni plus ni moins)
Bien le bonsoir (ou bonjour suivant heure de lecture). Vous avez tous, je l'espère, lu mon article d' Actualités sur le dernier message du président de la fac, en date du 29/11/07 17h. Si ce n'est pas le cas, je vous y invite fortement.
J'imagine que vous n'êtes pas très nombreux à me lire, ou en tout cas vous ne serez hélas pas très nombreux à finir de lire ce post ; qui s'intéresse à ma pauvre section politique ?
*petit paragraphe de lamentation terminé*
Parlons un peu de la "couverture" médiatique des évènements sociaux en général. Lors des grèves de cheminots (hélas, trois fois hélas, très impopulaires), les médias ont souvent montré la "galère" des "pauvres usagers" car nous n'ignorons pas qu'en ile-de-france, la population est très dépendante des transports en communs (densitdé de population oblige).
Souvent les médias ont filmé des quais de métro bondés, comme la désormais tristement célèbre ligne 4, que j'ai eu moi-même le malheur de tenter de prendre un jour de grève.
Mais quid de la raison profonde de la grève ? A-t-on un seul instant cherché à soutenir ce droit de contestation qui est d'ailleurs assuré par la loi ? Trop de monde considère que les cheminots ne sont que des foutus glandeurs et que c'est pas si pénible d'être cheminot. Bon. Prenons l'exemple de ce cheminot qui disait : "ce matin j'ai entendu une dame pleurnicher parce qu'elle s'était levée à 4h du matin pour prendre le train... ben moi c'est mon quotidien".
Voilà pour ceux qui pensent des cheminots que ce sont des glandeurs. Derrière tout ça, pourquoi nivelle-t-on vers le bas le niveau social ?
Pourquoi la réforme des régimes spéciaux est-elle une perte d'acquis sociaux, là où une réforme globale pourrait être un gain de régime de retraite pour tous ? La sacro-sainte raison traditionelle citée par tous les gouvernements de droite : "le pays n'a pas les moyens de"...
Soyons honnêtes. Le pays "a les moyens de", mais d'une part beaucoup de ces moyens sont gaspillés, et d'autre part à force de cadeaux faits aux entreprises sous prétexte de doper l'économie, c'est le social qui se trouve dépourvu de moyens.
Passons sur cette grève, je vais maintenant passer à ce qui nous concerne au plus près (eh oui la réforme des universités concerne les étudiants ! surprenant non ?).
La stratégie qui m'a lair la plus évidente, de la part de ceux qui veulent porter des coups fatals au mouvement étudiant, est de dresser les "pro-blocages" et les "anti-blocages" les uns contre les autres...
Reprenons les choses à la base : le blocage d'une université est un moyen d'action, et est en soi une extrémité. Ce qui est grave, ce n'est pas que des étudiants bloquent une fac, c'est qu'ils aient besoin de bloquer une fac pour faire entendre leur voix !!
Pourquoi le gouvernement (représenté ici par Pécresse) attend-il qu'un mouvement de contestation massive démarre pour s'enquérir de l'avis des étudiants ? Lorsqu'on s'attaque à une des plus grosse réformes de la décennie, voire des 20 dernières années, la démocratie n'exige-t-elle pas une consultation nationale des principaux acteurs ? A savoir les étudiants (ben oui mine de rien on a peut-être un avis sur l'avenir de la fac et de nos études), les profs, les chercheurs, les professionels de l'enseignement...
Mais non, on édicte une loi, on la fait passer en août et l'affaire est réglée. Sous prétexte de l'urgence du chantier, on brade les principes de la démocratie, et on n'a que faire de l'avis des principaux concernés.
L'élection, il y a six mois, d'un certain candidat à la présidence de la France justifie l'application directe de sa conception de la société, sans même donner son mot à dire à la société en question (si ce n'est le vote à la présidentielle). La démocratie est bradée, soldée et mise à la solde d'un parti (et surtout d'un homme politique) qui veut réformer à tout prix selon sa vision des choses.
C'est ainsi que le seul moyen de contestation qui est laissé à la société, c'est... la manifestation et la grève. Ah pardon, j'oubliais : on peut s'inscrire dans un syndicat et rédiger des lettres ouvertes au gouvernement (alimentons les cheminées de l'élysée) ou encore adhérer à un parti, influer sur les courants de pensée du parti, et tenter de faire gagner à ce parti quelques miettes de pouvoir (une circonscription par-ci, une mairie par là). Efficace à long terme ? En tout cas certainement pas à court terme....
Pour en revenir au mouvement étudiant, voilà les points qui m'ont le plus choqué :
1)Déviation du débat, qui au lieu d'être axé sur la loi elle-même, se retrouve axé sur le moyen d'action, à savoir le blocage
2)Manipulation de l'information par les médias, qui font passer les bloqueurs tantôt pour des extrémistes anar, tantôt pour des réactionnaires incompréhensifs ; et qui surtout axent d'eux-même le débat sur la colère des anti-bloqueurs (convergence avec le point 1)
3)Hypocrisie de la part des autorités : Pécresse qui déclare "n'envoyer les flics qu'en cas de dérapages violents" et notre président de fac qui nous envoie les flics même si la situation est calme ; le président (et les autorités) qui prétendent vouloir dialoguer... mais encore une fois (cf mon article d'actualités) qui a vu sa tête ? qui a entendu sa voix ?
Alors détaillons un peu ces 3 points :
1)et 2) Déviation du débat
Le gouvernement veut réformer l'université, ce qui est normal. Soit. Mais alors pourquoi la question omniprésente est : "pour ou contre le blocage?". Par quelle monstrueuse absurdité préfère-t-on débattre sur le moyen d'action sans même débattre de la raison profonde de l'action ? Pourquoi au seul moment où le président de la fac nous demande notre avis, nous demande-t-il notre avis sur le blocage ?
Il se fiche pas mal de notre avis sur la loi ! Et les médias encouragent un tel climat, puisqu'ils présentent sans cesse le mouvement étudiant du point de vue du conflit "pro" / "anti"... détournement de l'information ! C'est à la fois le président de la fac (et sans doute les autres présidents de fac) et les médias qui contribuent à créer ce climat de colère montante contre les étudiants grévistes... sous les beaux atours du "droit d'étudier" et même de la "liberté d'étudier" se cache le démon de la discorde.
N'oubliez jamais une chose : les bloqueurs n'agissent ainsi qu'en dernière extrémité, ce n'est évidemment pas pour empêcher les étudiants d'étudier, c'est au contraire pour protester contre un risque de précarisation des études.
Que ce risque soit certain ou non, le gouvernement n'attend qu'une chose, c'est que le milieu étudiant se soumette à sa volonté. Et ce climat de conflit ne fait qu'accélérer cette soumission. Des autorités qui réforment en 6 mois les deux plus gros dossiers, sans même consulter les principaux intéressés, et qui font taire la contestation à coup de flics dans les facs...soyez honnêtes avec vous-même, vous trouvez ça démocratique ?
3) Hypocrisie de la part des autorités
Déclaration de Pécresse à des étudiants choqués par les interventions policieres : "Les policiers ne sont envoyés qu'en cas d'atteinte à la sécurité des étudiants, en cas de violences ou de dégradations matérielles par exemple". Et pourtant, qu'avons nous vu ce matin ? Dégradations matérielles ? Violences ? Nada ! Juste la cavalerie qui surgit hors de la brume, courant vers la castagne au galop. (je cite un flic : "olala ça va partir en live", le sourire aux lèvres). Et apres pour quoi passent les bloqueurs ? Pour des "jusqu'au boutistes" comme dit le président, qui n'hésitent pas à tomber dans la violence. Eh ben non, c'est même tout le contraire : les deux seuls moments où des petits incidents violents ont eu lieu, pour Paris 7, sont :
*lorsque des anti-blocage ont voulu débloquer la HAF par la force
*lorsque les flics ont voulu jouer les cow-boys libérateurs (et qu'ils ont interpellés un jeune qui a pu être libéré moyennant une petite charge des flics).
Et maintenant regardez (le peu de) ce qui est dit dans les JT... pour quoi passent les gens, et ce que je vous en ai dit pendant ce (trop) long post...(désolé c'est mon style d'expression, long et bavard, mais je l'espère, précis et correct).
J'attend vos réactions et vos avis ... n'oubliez pas que si vous n'êtes pas d'accord avec quoi que ce soit dans ce que je raconte, c'est un forum et vous y avez donc le droit de parole (au moins un espace où on peut exprimer sa vision des choses...).
N'hésitez pas à poster dans cette section "Politique"... L'avenir de la société n'est pas une notion si vague que ça, ça vous concerne directement, et contrairement à ce que vous croyez, vous pouvez faire beaucoup, ne serait-ce qu'avoir un avis.